Le Maître et Marguerite – Mikhaïl Boulgakov

Critique par Masques de Venise  – Lisez Boulgakov! Jamais vous ne regretterez d’avoir fait sa connaissance.

« Le Maître et Marguerite », que Mikhaïl Boulgakov commença à rédiger en 1928, sous le titre de « Le Sabot de l’Ingénieur », ne devait être publié pour la première fois qu’en 1966. Pourtant, cette oeuvre, achevée le 13 février 1940, un peu plus de trois semaines avant le décès de son auteur, est assurément l’un des « romans-phares » de la littérature russe du XXème siècle et c’est elle qui contient, entre autres phrases inoubliables, le fameux « Les manuscrits ne brûlent pas ! » que l’on peut considérer comme un symbole de la victoire de la liberté de penser face à l’acharnement totalitaire.

Résumer l’intrigue de ce roman onirique et fiévreux, cynique autant que merveilleux, est chose trop réductrice pour que je m’y essaie. Disons essentiellement qu’il fait alterner deux actions, l’une moderne et qui se déroule dans le Moscou de l’ère stalinienne, l’autre « antique » et ayant pour cadre la Judée pré-chrétienne qu’Hadrien n’a pas encore rebaptisée Palestine.

La deuxième intrigue est la vision gnostique de la rencontre de Jésus de Nazareth, appelé Yeshoua Ha-Nozri par Boulgakov, avec Ponce Pilate, procurateur romain de la région, et aussi de son supplice – Boulgakov délaisse la crucifixion traditionnelle pour le pilori – sur le Mont Chauve – ou Mont du Crâne-Golgotha. Yeshoua y apparaît comme un illuminé mais au sens bouddhique du terme, un homme paisible et doux, capable de déceler la Bonté dans le coeur du plus cruel des centurions et suivi depuis le début de ses errances par un certain Matthieu Lévy qui, selon Yeshoua lui-même, déforme pour les recopier les propos qu’il tient. Juda de Kairoth et Caïphe, le Grand Prêtre du Sanhedrin, sont évidemment de la partie avec un Bar-rabbas qui ne fait que croiser bien fugitivement celui qui deviendra le Christ.

Comme Boulgakov aurait pu éviter d’accepter l’aide que lui fournit Staline pour survivre à l’interdiction de ses oeuvres au début des années 30 , Pilate aurait pu sauver Yeshoua. Mais si l’un n’eut pas le courage d’affronter le goulag ou le procès après tortures si chers au successeur de Lénine, le second, dans un instant de faiblesse, préféra préserver sa carrière en laissant supprimer la vie d’un innocent.

Pour Boulgakov, le prix à payer sera une existence désormais hantée par la conscience de sa veulerie et l’avortement systématique de tous ses essais de publication. En silence cependant, en cachette aussi, inlassablement, il reprend et remanie ce qu’il nomme son « manuscrit sur le Diable » – on ne comptera pas moins de cinq remaniements en douze ans. Tourmenté par ses angoisses, et aussi par un corps qui, peu à peu, l’abandonne, l’écrivain gribouille dès 1931, au bas d’un extrait que vous pourrez lire dans l’édition POCKET du « Maître et Marguerite », ces mots qui émeuvent encore singulièrement le lecteur par delà les
années : « Seigneur, aide-moi à terminer mon roman. »

Pour le Pilate qu’il recrée, Boulgakov façonne un châtiment qui perdure au-delà les siècles, une espèce de Purgatoire hors du temps où le puissant fonctionnaire romain, « qu’il fasse sombre ou que luise la lune », ne peut connaître la paix bien qu’il soit mort depuis près de deux mille ans. Invariablement, Pilate rêve qu’il annonce au peuple juif sa décision de laisser la vie sauve à Yeshoua. Invariablement, il se réveille et se rend compte que Yeshoua est mort et que lui, Pilate, n’a pas reçu son pardon.

Et, inlassablement, ce fantôme pose et repose cette question qui dut bien souvent torturer Boulgakov : « La Lâcheté n’est-elle pas le plus grand crime qui soit ? »

A la fin du roman, bien sûr, Pilate sera enfin libéré et, dans une très belle image onirique, rejoindra Yeshoua sur un rayon de lune et s’en ira avec lui vers l’Eternité.

Entre temps, l’intrigue moderne aura laissé le champ libre à un Satan là encore plus proche de l’interprétation gnostique que de l’interprétation traditionnelle, et à qui Boulgakov a donné le nom de Woland.

L’accompagnent et le servent deux démons familiers, l’inénarrable rouquin Béhemoth-Koroviev et le non moins extraordinaire Azazello, lequel se présente sous l’aspect d’un énorme chat noir capable de s’habiller comme un homme et de jouer aux échecs.

Les trois compères s’en donnent à coeur joie dans un Moscou diurne et surtout nocturne, règlent au passage les comptes de l’écrivain Boulgakov avec les critiques stalinistes, causent mille et un accidents, acculent plusieurs malheureux à l’asile psychiatrique, décapitent un homme, en poignardent un autre, tranchent, taillent, tourbillonnent … démontent en un mot l’implacable machine totalitaire avec une vigueur en effet démoniaque et ce sens de l’humour propre à l’âme slave.

Au coeur du cyclone diabolique, le Maître, écrivain enfermé parmi les fous après la dénonciation d’un voisin désireux d’accaparer son appartement (les appartements, la convoitise qu’ils inspirent aux pauvres Moscovites obligés de se contenter des « maisons communautaires », les déboires que Boulgakov lui-même connut avec le sien occupent dans le livre une place bien révélatrice du mode de vie imposé à la majorité par le régime bolchevique) et son égérie, Marguerite, qui quitte tout pour le rejoindre et le suivre au-delà la Mort. Un couple d’amoureux, par conséquent, où la femme prédomine – elle prend l’initiative de suivre les directives de Woland et d’assister au Grand Bal donné par Satan – mais où c’est elle également qui se montre la plus accessible à la pitié.

Ce livre fascinant, qui n’est pas sans rappeler parfois les meilleurs moments du nonsense d’un Lewis Carroll et qui mêle avec génie le fantastique, la poésie, la religion, l’histoire et la philosophie, est irracontable. Il faut donc le lire et ne pas hésiter à le placer bien haut dans votre Panthéon livresque car, né de la souffrance et de la révolte d’un homme qui désespérait d’écrire, il nous prouve avec panache que, quelque sombres que puissent être les tourmentes de l’Histoire, le Génie survit toujours à leurs ténèbres.

Critique par Chatperlipopette  – Matriochkas

Par une belle journée printanière, deux moscovites, Berlioz, rédacteur en chef d’une revue littéraire, et Ponyriev dit Biezdomny, jeune poète plein d’avenir. Ils se rendent dans un parc, faire la promenade de l’étang du Patriarche. Alors qu’ils devisent sur un banc, un inconnu, bien hardi, se mêle à leur conversation. D’où vient-il, qui est-il, que fait-il à Moscou? Telles sont les questions qui assaillent nos deux amis. Leur trouble n’en devient que plus grand lorsque l’inconnu, répondant finalement au nom de professeur Woland, leur certifie que Jésus a existé, qu’il l’a vu, et qu’il leur avance tout une série d’évènements à venir. Bien entendu, nos deux compères, sachant reconnaître l’opium du peuple, n’en croient pas un mot, malgré les étranges visions et paroles vues et perçues par Berlioz! Tout s’emballe lorsque, après le départ du professeur Woland, Berlioz perd sa tête victime d’un accident de tramway… comme l’avait signalé Woland! Le pauvre Biezdomny, horrifié et perturbé par ce qu’il vient de voir, ne sait plus où donner de la raison: la Milice le croira-t-il? Doit-il expliquer par le menu cette rencontre insolite sans risquer d’être arrêté pour folie?

Mikhaël Boulgakov, avec Woland, tout droit sorti du Faust de Goethe, narre, décrit, souligne discrètement mais avec grande efficacité, la venue à Moscou, en visiteur, du Diable et de ses acolytes, plus farfelus, ironiques et effrayants que jamais, le chat Behemoth, le grand échalas Koroviev et le tueur, d’une laideur sans nom, Azzazelo, qui vont provoquer agitation, incidents et diverses autres fantaisies parmi les moscovites. Le Diable qui se moque des principes et des lois, qui ne voit que le coeur des hommes et ne leur dit que ce qu’ils souhaitent entendre. La venue du Diable est loin d’être un fleuve tranquille: entre hallucinations collectives (les passages du spectacle de magie au théâtre et des tenues de soirées revêtues par les femmes qui se retrouvent ensuite en sous-vêtements dans les rues de Moscou, sont absolument délectables, iconoclastes et drôlissimes) et folie Moscou connaît le désordre et l’anarchie, le pouvoir est tourné en ridicule, à mots couverts par un Boulgakov opiniâtre et dénonciateur.

En même temps, le lecteur fait connaissance avec des personnages secondaires, mais importants, tels que « le maître », poète déchu et Marguerite, sa maîtresse et fidèle admiratrice qui, pour rejoindre pour l’éternité son amant dans son enfer personnel, accepte le statut de sorcière et enfourche joyeusement un balai magique. Il côtoie aussi Ponce-Pilate dont l’histoire poignante (cet homme est rongé par le remords d’avoir été lâche et laissé ainsi condamner un Jésus qu’il savait innocent) est contée par Boulgakov entre sincérité et troublante ironie.

Dans un déchaînement de récits dignes du meilleur fantastique, Boulgakov écrit un véritable chant d’amour pour son pays, riche en rêves, traditions et en inspirations, tout en dénonçant âprement, sans concession, le régime de la Terreur instauré par Staline: les passages de Biezdomny à l’hôpital psychiatrique où les séances de rééducation mentale sont déguisées en vertueuses prises de calmant accompagnées des sourires des soignants, sont d’une saveur et d’un sel incroyables!

« Le Maître et Marguerite » est un roman à l’image des Matriochkas: il y a d’abord l’inspiration du « Faust », puis celle de Méphistophélès ou de la Lune, grâce auxquelles Boulgakov expose son refus de toute forme de pouvoir qui pourrait asservir la pensée ou la création. Il fait de Woland et sa bande de joyeux drilles plus grinçants les uns que les autres, des coupeurs de têtes délirants pourfendeurs de l’institution artistique assujettie au pouvoir mais aussi d’étranges anges gardiens qui sauvent les âmes à coups de scandales dignes du plus grand Guignol (j’en reviens au théâtre qui se transforme, sous la houlette du magicien retors Woland, en magasin de confection pour dames).

Le Diable en rit encore lorsqu’il permet de retrouver le manuscrit brûlé du Maître: la censure peut toujours sévir, il restera toujours des traces de la liberté d’écrire et de penser et les facéties de la bande de Pieds Nickelés de Woland mettent en évidence cette grande vérité… surtout si on ne craint pas la mort!

Le burlesque est l’âme vive et brûlante de ce roman dont la lecture n’est jamais ennuyeuse, toujours très instructive sur le quotidien difficile des moscovites des années 30 (la vie en appartement communautaire est d’un glauque certain) et la terreur viscérale inspirée par le pouvoir. Le Mal existe toujours même si on éradique toute croyance religieuse: il vit dans la lâcheté de tout un chacun, lâcheté qui fait renoncer à dire non à l’absurde ou qui fait regarder ailleurs quand l’inacceptable survient. Le plus surprenant est que le Diable, en personne, s’exclame « Les manuscrits ne brûlent pas », paroles d’espoir et porteuses de rêve. D’ailleurs, à y regarder de près, le Diable, dans « Le Maître et Marguerite » est tout sauf un personnage négatif et sombre, bien au contraire: sa sarabande amène la liberté d’être et d’agir à plusieurs personnages et est une pierre essentielle à l’amour éternel du Maître et Marguerite… quant à penser que la main de Dieu n’est guère éloignée de tout cela, il n’y a qu’un petit pas à franchir car l’un et l’autre pourraient être étroitement liés.

Un roman foisonnant, luxuriant, palpitant, regorgeant de rebondissements et de scènes improbables où le burlesque et le sérieux s’entrecroisent et s’emmêlent pour le ravissement du lecteur. Une lecture édifiante et sublime!

Critique par Yohan – Le diable et ses acolytes

Voici pourquoi il y a longtemps que je n’ai pas écrit de billets sur un livre : je m’étais plongé dans un gros roman, « Le Maître et Marguerite ».

Une nouvelle fois, faire un résumé de cette oeuvre est difficile, et je vais me contenter d’esquisser le tout début du livre.

A Moscou, dans les années 30, un poète et un journaliste se promènent du côté du Lac du Patriarche, et discutent de la meilleure manière d’exprimer leur athéisme. Leur discussion est interrompue par l’apparition d’un homme, qui se présente comme un étranger en visite. Mais cet étranger aura une influence néfaste: il annonce au journaliste qu’il va bientôt mourir, décapité. Les deux camarades rejettent cette prédiction, jusqu’à ce que le journaliste, par un enchaînement funeste de circonstances, se fasse écraser par un tramway, sa tête étant détachée du corps. Qui est donc cet étranger? Et qui sont ces drôles de personnages qui lui tournent autour, notamment ce gros chat qui prend le tramway comme n’importe quel être humain?

« Le Maître et Marguerite » est un roman foisonnant: c’est un récit fantastique où les références sont extrêmement nombreuses. On y retrouve le diable et ses acolytes, il y des scènes de messes noires, des détournements des symboles religieux (notamment du baptême,…). Boulgakov puise son inspiration chez Goethe et dans les récits fantastiques russes du XIXeme. Malheureusement, la plupart de ces références m’étaient inconnues, et ce n’est qu’après avoir lu un petit appareil critique que certains détails se sont révélés signifiants.

Ce roman est également une critique assez vive et sans retenue de l’Union soviétique des années 30: les différents personnages se demandent continuellement s’ils ne vont pas se faire arrêter, Boulgakov dénonce également les connivences entre les milieux artistiques et politiques. Mais une nouvelle fois, je ne pense avoir saisi toute la richesse de ce texte, ma connaissance de cette période étant trop limitée.

Enfin, ce roman est également une mise en abîme du romancier lui-même: le Maître, qui n’apparaît que tardivement, est en effet un romancier qui n’arrive pas à être publié, son roman sur Ponce Pilate étant rejeté par les éditeurs. A cette disgrâce se mêle une histoire d’amour entre le Maître et Marguerite, histoire qui est interrompue par l’échec littéraire du Maître, mais que le Diable sera le seul à pouvoir résoudre.

Ce roman, que j’ai lu sur le conseil d’une libraire, est selon moi très réussi, même si un lecteur actuel ne peut saisir tous les enjeux de ce texte: le fantastique est présent à chaque instant (avec notamment une grande séance de magie noire dans un théâtre russe, ou un grand bal donné un soir de pleine lune en l’honneur du Diable). Je ne connaissais pas du tout cet auteur, qui a vécu dans les années 20-30 dans l’Union soviétique stalinienne des procès et autres exils en Sibérie, et son roman est imprégné de ses expériences.

Une très belle lecture, un peu ardue (il faut se faire aux noms russes à rallonge et accepter de ne pas saisir toutes les références) mais qui vaut le coup de s’y plonger.

Critique par La Renarde – Sympathy for the devil

Avertissement: cette note contient une utilisation abusive de mots dérivés de « diable ». Mais pour ma défense, Boulgakov fait pareil.

Quand j’ai su que Salman Rushdie s’était inspiré du Maître et Marguerite pour ses Versets sataniques, j’ai été quelque peu dubitative. Tout d’abord, allez savoir pourquoi, je pensais que Marguerite était une vache. Et que le Maître était… son maître.
Et j’imaginais une jolie petite vache – une Rouge de Lituanie, une Hinterwälder, ou pourquoi pas une Blonde d’Aquitaine – en train de brouter l’herbe bien russe de son pré enneigé, et son maître qui la tire par une petite corde.
L’herbe, c’est moi qui l’avais fumée.
Parce que « le Maître et Marguerite », c’est en réalité l’histoire du Diable et de ses potes qui débarquent à Moscou sans crier gare, les bougres, et qui mettent l’ambiance dans cette ville triste, sinistre, austère, asséchée, désespérément carrée et cadrée. Mais commençons par le commencement.

URSS 1930. Staline, régime totalitaire, arrestations au pif, terreur, pensée unique, censure, discours politiques bidons, paranoïa, appartements communautaires, tout ça. Assis tranquillement sur un banc, Berlioz (pas Hector) et Biezdomny devisent en hommes du monde de la non-existence de Dieu. Si ma mémoire est bonne, il y était question de Kant et Saint Thomas d’Acquin mais étrangement, toute cette partie demeure très floue dans mon esprit. Un étrange homme qu’ils prennent pour un touriste, très poli et affable, vient mettre son grain de sel.
Il s’appelle Woland, est spécialiste de magie noire, et se fait l’avocat du diable en défendant l’existence de Dieu. Il leur affirme également avoir assisté aux prises de tête de Ponce Pilate, et annonce à Berlioz (en passant) comment celui ci va mourir. Décapité par une femme. Ceci se vérifie très vite car Woland, bien sûr, est le diable.

Très vite, le Diable et ses acolytes (dont un bon gros chat noir) sèment le désordre, la mort et la folie partout sur leur passage. Ils déconstruisent la société moscovite, envoient l’intelligentsia à l’asile (ou à la mort), dénudent les jeunes femmes, offrent des spectacles de magie noire, font pleuvoir des billets de banque, enlèvent des gens, réquisitionnent des appartements pour y tenir leur grand bal des Damnés. C’est que Woland sait s’amuser: dans sa destruction, il introduit jubilation, mouvement, créativité, fantaisie, humour, mysticisme et on aurait bien de la peine à ne pas ressentir de sympathie pour lui.

Plus en tout cas que pour les individus veules, corrompus et lâches auxquels il s’attaque: les bureaucrates médiocres et mesquins, les intellectuels qui sont en réalité les chantres de la culture officielle, et dont on ne retient ni les noms ni les fonctions (hum hum). On l’aura compris, Boulgakov est ce diable qui dénonce les travers de la société soviétique dans ce « J’accuse » aux dehors grotesques. Il fustige la lâcheté de ceux qui n’ont pas le courage de s’opposer à ce qui les diminue. On pense à Gogol bien sûr. Et je regrette vraiment de ne pas m’y connaître (du tout) en société soviétique des années 30, car il est évident que des tas de détails sont signifiants, font référence à telle ou telle chose. Enfin bref, on ira sagement sur le Web pour mourir moins bête.

On me fait signe que je n’ai toujours pas parlé du Maître et de Marguerite. Serait-ce bien raisonnable? Je trouve mon billet déjà bien assez long. Mais puisqu’on insiste…

Le Maître écrit un roman sur Ponce Pilate, dont on trouve des extraits entre deux diableries du Diable. Son oeuvre au destin chaotique raconte l’histoire d’un homme dévasté par la lâcheté, le plus grand crime qui soit, dont il a fait preuve en condamnant à mort Jésus Christ. Cette oeuvre mène le Maître à la folie; il brûle le manuscrit et disparaît mystérieusement. Marguerite, son amante, pactise avec le Diable afin de retrouver celui qu’elle aime, et châtier ceux qui l’ont détruit. Elle devient ainsi l’héroïne de certains des plus beaux tableaux du livre: son vol, nue, jubilante, échevelée au dessus de la campagne russe; son rôle de reine des damnés, nue encore, lors de ce fameux bal où sont conviés Caligula et Messaline entre autres.
Et c’est le Diable auquel elle s’associe qui sauve l’oeuvre du Maître, lui qui prononce «les manuscrits ne brûlent pas», lui qui affirme la victoire de la pensée libre face au totalitarisme. L’écriture est diablerie, diabolique, mais elle n’est pas non plus sans rapport avec le divin. Et il faut croire sur parole un homme qui a mis dix ans à écrire ce grand roman envers et contre la censure, dans la maladie et la souffrance, et qui a fini par dicter les dernières corrections à sa femme sur son lit de mort.

«O dieux, dieux! Comme la terre est triste, le soir! Que de mystères, dans les brouillards qui flottent sur les marais! Celui qui a erré dans ces brouillards, celui qui a beaucoup souffert avant de mourir, celui qui a volé au-dessus de cette terre en portant un fardeau trop lourd, celui-là sait! Celui-là sait, qui est fatigué. Et c’est sans regret, alors, qu’il quitte les brumes de cette terre, ses rivières et ses étangs, qu’il s’abandonne d’un coeur léger entre les mains de la mort, sachant qu’elle – et elle seule – lui apportera la paix …»

Moi aussi j’ai galéré pour écrire ce billet – c’est bien trop difficile de parler du Maître et Marguerite et je suis épuisée (d’ailleurs, si vous êtes arrivés jusqu’ici, je vous décerne une médaille)(collective). En plus, il y a tellement d’autres choses à dire. Mais allez jeter un œil si ce n’est pas déjà fait, et revenez me dire ce que vous en avez pensé.

Critique par Sibylline – Absolutely fabulous!!

Ce livre est dans mon panthéon. Il fait partie des quelques grands livres qui font que je pense qu’il y a peu de choses plus importantes que la littérature. C’est un roman fabuleux, jouissif de la première à la dernière ligne, de ces romans qui comme « La conjuration des imbéciles » et le premier « Dune » posent leur marque sur ceux qui les ont lus.

Je ne vais pas répéter ce que les précédents lecteurs en ont déjà dit. Je vais plutôt revenir sur ce personnage jubilatoire de Woland. Il est accompagné de ses trois aides qui sont comme autant de manifestations de lui-même. Woland bouge peu. Il aime être couché ou assis dans un fauteuil. Il n’est pas du genre à se déranger (même pour son bal il délègue et c’est Marguerite qui le remplacera). Il envoie d’un mot, d’un geste, ses compagnons qui sont un peu comme ses membres, ses tentacules.
Dans le dernier tiers du roman, Woland manifeste de la bienveillance pour le Maître et surtout pour Marguerite et le lecteur a tendance à conserver cette assez bonne impression, mais il faut se souvenir du Woland précédent, celui du début du livre. Le Diable ne se laisse pas attendrir. Il tue, détruit les biens, les efforts et les vies par caprice, offre tout sur un mouvement d’humeur, reprend de même, ne considère aucune excuse, aucune explication, ne tient compte de rien d’autre que de son bon vouloir et son inclination de l’instant. Il ne se soucie pas d’être juste. Il n’est pas plus juste qu’injuste. Le diable est aussi impitoyable que la mort. A bien considérer la fin de cette histoire, on pourrait même comprendre que le diable est la mort. (« Prends les avec toi. »)
Selon la logique religieuse, si le diable existe, dieu existe aussi. Ils sont liés et même ne s’entendent pas si mal comme on est amené à le voir. Selon une logique athée, si Woland est la mort, nul besoin d’image de dieu pour confirmer son existence.

La Renarde pense que Woland est Boulgakov, pour ma part, je pense plutôt que c’est le Maître. C’est le maître qui est un écrivain en butte à la non publication de ses œuvres et aux critiques assassins. C’est le maître qui a cette fulgurante histoire d’amour avec une femme mariée. C’est le maître qui porte perpétuellement un petit bonnet de tissu… comme lui.
Et pourtant le Maître n’est pas dans ce roman un personnage si percutant ni brillant. En dehors de son écriture, il semble plutôt un personnage assez passif, qui subit la censure, qui subit la perte de son logement, de son amour, qui se laisse déposséder de tout sans lutte, ce sont les autres: les critiques, les éditeurs, Marguerite, le diable, qui agissent sur sa vie. Lui, il se contente d’écrire. Pire, quand il fait quelque chose de fort, c’est brûler son œuvre*.
Boulgakov lui, a lutté jusqu’au bout. Sur le point de mourir il écrivait encore. On refusait ses pièces, il adaptait celles des autres pour ne pas cesser d’être un auteur et vivre de sa plume. On a pu tout lui voler, sauf d’être un écrivain. Et quel écrivain!

Une petite surprise en passant: J’éprouve une étrange et assez profonde sympathie pour ce Ponce Pilate

Encore mille choses à dire sur ce roman absolument fabuleux, qui s’en charge?

* Gogol que Boulgakov admirait a brûlé la sienne.

Critique par Elizabeth Bennet – Epoustouflant, merveilleux, drôle!

Comment résumer ce roman de 500 pages en quelques lignes? C’est un exercice de style auquel je ne saurais me plier. Tout ce qu’on peut en dire, c’est que cette œuvre a été écrite pendant la Terreur en Russie, et qu’on y croise, de Moscou à Jérusalem, Satan en personne, Jésus, Ponce-Pilate, un poète désabusé, un écrivain à la tête coupée, un autre écrivain devenu fou, la plus belle femme du monde, sans oublier Azazael (ou plutôt Azazello, dans le roman), Béhémot le chat râleur et magicien, et un petit homme avec des lorgnons et un pantalon à carreaux… Dans cette farandole de lieux, d’époques, de personnages, se dessine une intrigante histoire de magie noire, mais aussi l’une des plus belles histoires d’amour jamais écrites.

Un livre excellent, époustouflant, merveilleux, drôle, un bijou de la littérature russe! On se laisse entraîner avec plaisir dans les frasques de Satan et de sa suite (et surtout le chat facétieux, susceptible et à l’épreuve des balles), dans l’histoire de Jésus et Ponce-Pilate au Ier siècle, et dans l’histoire d’amour extraordinaire qui lie le Maître, écrivain raté et dépressif, et Marguerite, qui se transformera le temps d’une nuit en sorcière pour se rendre au Bal de Satan…

L’écriture est légère, vive, poétique, l’humour est présent à chaque page, mais sous le charme de cette œuvre virevoltante, on sent aussi l’amertume et la critique d’un écrivain marqué par les arrestations arbitraires et la crise du logement qui touchèrent Moscou dans les années 1930, sans parler des œuvres littéraires stéréotypées écrites sur commande, que Boulgakov refuse et dénonce. On aurait presque envie d’apprendre le russe pour le relire en version originale (et sans les nombreuses coquilles qui parsèment, malheureusement, l’édition Pocket)! Courez l’acheter! Lisez-le!

Critique par Catheau – Une revanche posthume

Le 28 mars 1930, l’écrivain Mikhaïl Afanassiévich Boulgakov qui, à partir de 1927, subira de manière ininterrompue les foudres de la censure stalinienne, écrit une lettre désespérée au gouvernement de l’URSS. Considéré comme le rejeton d’ « une engeance néo-bourgeoise », et comme « un écrivain qui farfouille dans des tas d’ordures pourries », il y déclare notamment: « Je vous prie de vous souvenir qu’être mis dans l’impossibilité d’écrire revient pour moi à être enterré vivant. » Suite à ce courrier, le 18 avril 1930, Staline en personne téléphonera à l’écrivain et lui proposera un poste d’assistant-metteur en scène au Théâtre d’Art et de consultant au TRAM (Théâtre de la jeunesse ouvrière). Dès lors, l’écrivain s’efforcera de poursuivre son œuvre, mais il demeurera toute son existence un auteur « empêché » d’écrire.

Ce qui deviendra son chef-d’œuvre, « Le Maître et Marguerite », son « roman sur le Diable », connaîtra la destruction de sa propre initiative, le 12 octobre 1933, et six rédactions successives. Le 13 février 1940, presque aveugle, il en dictera les dernières corrections à son épouse, mettant ainsi la dernière main à une entreprise, commencée à la fin de l’année 1928. Quelques jours avant de mourir, ne s’était-il pas levé en pleine nuit afin de s’assurer que l’on n’était pas venu saisir son manuscrit?

Ce grand roman est en effet la revanche posthume de Boulgakov sur un régime qui mit les écrivains aux ordres et créa une littérature sous contrôle. Revisitant à sa manière le supplice du Christ, le mythe de Faust et la littérature classique russe, l’écrivain de Kiev écrit une œuvre d’une originalité incomparable, véritable réquisitoire contre le régime stalinien qui interdit à l’artiste de créer.

L’intrigue complexe mêle les agissements diaboliques d’un certain Woland et de son « train » dans le Moscou des années 1930, le récit de la condamnation à mort de Yeshoua Ha-Nozri par Ponce Pilate, et l’histoire d’amour du Maître et de Marguerite, avatar de la Gretchen de Goethe. Par le biais de cette structure, dans laquelle l’histoire du philosophe errant de Judée est rapportée sous la forme d’un récit de Woland, d’un rêve du poète Biezdomny et du roman du Maître lui-même, Boulgakov instaure une vertigineuse mise en abyme, dans laquelle les différents personnages masculins se superposent et s’interpénètrent. Le Maître, qui a les caractéristiques physiques de Gogol, et dont l’œuvre est vilipendée par la critique, devient l’image de Yeshoua condamné à mort. Ponce Pilate, à l’origine de la condamnation, annonce le pouvoir arbitraire de Staline, à qui le personnage de Woland peut aussi renvoyer. Mais cet illusionniste de génie n’est-il pas encore la représentation inversée du Maître? L’initiale W de son nom, n’est-ce pas le M qui est brodé sur la toque du Maître?

Certes, « Le Maître et Marguerite » n’a rien d’un ouvrage philosophique et, cependant, il permet à Boulgakov de poser les questions-clés qui sont celles de toute existence. Par l’intermédiaire du Diable-Woland, il affirme l’existence de Dieu; à travers le personnage de Ponce Pilate, il réfléchit sur la lâcheté, le Mal et le pardon; par le biais du Maître, victime de la censure, et qui brûle son manuscrit (comme Gogol et lui-même le firent), il s’interroge sur les difficultés de la création. Grâce à un imaginaire puissant, il fait de Woland, le maître diabolique de Moscou, le représentant de l’artiste total, le créateur de génie. Si le sort dévolu au Maître dans l’épilogue demeure ambigu (« Il n’a pas mérité la lumière, il a mérité le repos », dira de lui Matthieu Lévi, le disciple de Yeshoua), il n’en demeure pas moins que le roman propose l’idée d’une justice rétributive et d’une loi morale intangible.

Mais l’art de Boulgakov, c’est surtout, malgré l’horreur de la situation qui fut la sienne, de se servir du rire du Diable pour fomenter sa vengeance contre le régime qui voulut le bâillonner. Comme Molière, son grand modèle, il s’avance masqué et utilise les armes du pouvoir pour lutter contre ce dernier. Employant tous les moyens de la satire, brassant tous les genres (du lyrisme au burlesque en passant par l’épopée), créant des personnages à clef, multipliant les références littéraires et musicales, maniant les sous-entendus tragiques, les connaissances bibliques et les symboles cachés, il élabore ce que Dominique Fernandez appelle un « roman-mythe », d’une force suggestive impressionnante.

« Farce métaphysique », qui se déploie sous la lumière inquiétante de la lune du sabbat des sorcières, « Le Maître et Marguerite », qui ne fut publié que dans les années soixante, demeure un chef-d’œuvre sans équivalent dans la littérature mondiale. Il apporte la preuve magistrale de la supériorité de l’esprit sur la force brutale et affirme haut et fort que « les manuscrits ne brûlent pas »!

Critique par Michelle – Un roman-mythe

« Le Maître et Marguerite », roman d’une voix, celle d’un homme libre, dans un régime totalitaire et arbitraire, qui, aujourd’hui figure au panthéon des écrivains russes. Ce roman dense, jubilatoire, décapant, pendant dix ans Boulgakov l’aura écrit, réécrit, brûlé. Son roman sur le diable s’inscrit dans les années les plus noires du stalinisme. Commencé en 1929, l’année du « Grand Tournant ». Staline impose la collectivisation, l’industrialisation à marche forcée, la chasse aux koulaks. Le peuple paie le prix fort, la grande famine fera 6M de morts dont 2M d’Ukrainiens. Pratiquement terminé en 1937 l’année de « La Grande Terreur », celle des procès, des purges, des déportations au Goulag, des exécutions des membres du gouvernement. Deux dates qui marquent à jamais l’ère du totalitarisme. Six rédactions successives, différents titres dont le premier « Le sabot de l’ingénieur » (une quinzaine de chapitres), le roman est dactylographié en 1938, Boulgakov y apporte de nouvelles corrections en 1939 tout en travaillant à une pièce sur la jeunesse de Staline « Batoum » qui elle aussi est refusée.

Ce roman jamais publié en URSS du vivant de l’auteur paraît pour la première fois à Moscou en 1966-1967 avec de nombreuses coupures. Puis en 1969 à Francfort dans son intégralité et en 1973 en Union Soviétique.

Sa parution en 1966, sur fond de littérature soviétisée fit l’effet d’une bombe par son sujet et son contexte. En effet, le Diable et ses sbires s’en donnent à cœur joie dans une Moscou gangrénée par la morosité et la dureté de l’existence. De facétie en facétie, il bouleverse l’ordre des choses, dévoilant la petitesse, la bassesse, l’égoïsme, la convoitise, la vilénie des hommes. Il se rit du temps et de l’espace, il est de tous les temps, de toutes les époques. Autre sujet qui provoque un scandale, l’évocation de la condamnation de Yeshoua par Ponce Pilate, dans un contexte où la religion est interdite.

Jubilatoire, le roman l’est et pourtant il traite de sujets graves, dénonciations, arrestations, interrogatoires, meurtre politique, fabrication de faux bruits, peur. Les lieux où se manifeste Satan-Woland ne sont pas anodins, la maison des écrivains, l’asile psychiatrique, le théâtre des Variétés, l’appartement communautaire, autant de lieux qui symbolisent la société soviétique.

Un soir de printemps, au bord de l’étang du patriarche, Berlioz rédacteur en chef d’une revue et président d’une association littéraire importante et le poète Biezdomny discutent à propos de Jésus qui, pour le premier n’a jamais existé, prétendant que ce ne sont que fables véhiculées par les religions. Soudain apparaît devant eux un étrange personnage qui prend part à la discussion et affirme que Jésus a bien existé, il a lui-même assisté à la scène caché dans le palais du procurateur! et de plus il affirme que Berlioz ne se rendra pas ce soir à la Maison des écrivains comme il l’avait prévu! Nos deux hommes sont abasourdis par ces propos qui leur semblent incohérents. Les événements vont se précipiter, sa prophétie se réaliser et Biezdomny se retrouver à l’hôpital psychiatrique pendant que Woland et son équipe s’amusent à prendre Moscou pour terrain de jeu, à semer la pagaïe.

Rien n’est anodin dans ce roman à multiples entrées, le fantastique côtoie l’irrationnel, un imaginaire qui puise sa source dans les références culturelles. Berlioz, Rimsky, Marguerite autant de rappels, de symboles. Un roman-mythe qui a donné à la littérature russe contemporaine ses lettres de noblesse.

Critique par Michelle – Resituons les choses

Né en 1891 à Kiev, au sein d’une famille aisée de l’intelligentsia russe, une famille de prêtres, médecins, enseignants. Il fait partie de cette génération charnière, comme ses contemporains Mandelstam, Pasternak, Akhmatova etc., qui vivra les dernières heures du tsarisme, la fin d’un vieux monde avec ses valeurs et son univers intellectuel, les années révolutionnaires, la prise de pouvoir des Bolchéviques et la mise en œuvre de la terreur stalinienne. En 1916, diplômé de médecine, il est envoyé en remplacement dans un village de la région de Smolensk. Confronté à l’arriération paysanne, il vit des moments et des situations difficiles. Cette première expérience, il la raconte dans sa seule œuvre autobiographique « Récits d’un jeune médecin » six récits cocasses et tragiques qui font émerger la vieille Russie et Morphine.

Février 1917, première révolution. En septembre il est nommé à l’hôpital de Viazma section des maladies infectieuses et vénériennes. La violence de la Révolution d’Octobre lui fait horreur, violence qu’il décrit dans » La ville de Kiev ». En 1918, il réussit à se faire démobiliser, revient à Kiev où il ouvre un cabinet de vénéréologie. Mais la ville a changé. Pour repousser l’avancée bolchévique, la ville s’est alliée aux Allemands et l’Ukraine indépendante devient vite la proie des factions qui se déchirent. Cet épisode de la guerre civile Boulgakov le raconte dans « La garde blanche » (1925). Ce premier roman jamais publié en URSS de son vivant, il l’adapte pour la scène en 1926, une commande du Théâtre Artistique, « Les jours des Tourbine ». Une reconnaissance à double tranchant, le public est conquis mais la critique se déchaîne, « Contre-révolutionnaire, petit-bourgeois, injure à la cause bolchevique », cette expérience traumatisante provoque chez Boulgakov des troubles nerveux.

Dès 1920, l’écriture a pris le pas sur la médecine, il collabore à de nombreuses revues et entre en 1923 au journal « Le sifflet », journal des syndicats des cheminots dans lequel il fait paraître un article sur la mort de Lénine en janvier 1924, « Les heures de la vie et de la mort ». Auteur à part entière, il écrit sans relâche, trois nouvelles (Diablerie 1924, Cœur de chien, Les œufs fatidiques 1925) de nombreuses pièces de théâtre « Les jours des Tourbine » 1926, « la fuite » 1927, « L’île pourpre », « La cabale des dévots « (sur Molière) 1929, des adaptations, des romans « La vie de Monsieur de Molière » 1933, Le roman théâtral 1936 et « Le Maître et Marguerite ». Mais ses œuvres sont soit interdites, refusées soit retirées de l’affiche. Désespéré, sans travail, banni de la vie officielle, Boulgakov écrit une lettre au gouvernement soviétique le 28 mars 1930, une lettre poignante où il en appelle à l’humanité du pouvoir, où il demande à quitter son pays. Staline en avril appelle Boulgakov. Il obtient alors un emploi d’assistant metteur en scène au Théâtre Artistique. C’est le temps des adaptations « Les âmes mortes » 1930, « Guerre et paix » 1931 et d’une intense production théâtrale. Boulgakov ne cesse d’écrire contre vents et marées au péril de sa santé. Un mois avant sa mort, le 10 mars 1940, il dicte les dernières corrections du Maître et Marguerite.

Les contemporains de Mikhaël Boulgakov sont aujourd’hui de grands noms de la littérature russe. Ils vécurent la terreur et en furent victimes. Quelques noms pour rappeler la tragédie de tous à travers leurs destins. Les poètes Marina TSVETAÏEVA, Vladimir MAÏAKOVSKI se suicident, Ossip MANDELSTAM meurt de faim et de froid pendant son transport au Goulag. L’expérience du Goulag c’est Alexandre SOLJENITSYNE, Varlam CHALAMOV, Evguénia GUINZBOURG, Isaac BABEL, torturé puis fusillé. Tous ont laissé une œuvre à la postérité écrite dans la clandestinité.

Antoine
Antoine
Passionné de livre depuis mon plus jeune âge, je vous propose de partager cette passion de la Plume sur ce site internet.
Partagez sur les réseaux
A ne pas manquer

Solal – Albert Cohen

Critique par Tistou - A éclipses Quelques romans vous font cette impression : vous les attaquez, maussade, pas trop séduit, vous les continuez un tantinet...

Ilium – Olympos – Dan Simmons

Critique par Le Bibliomane - La guerre de Troie n'aura pas lieu Dan Simmons est un de ces auteurs de S.F. que j'ai connu sur...

L’été de cristal – Trilogie berlinoise – 1 – Philip Kerr

Critique par Sibylline - Les violettes de Mars Trilogie berlinoise Philip Kerr a rédigé trois excellents romans policiers tout à fait originaux en cela que leur...

Les derniers articles

Pour continuer la lecture