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Critique par Fée Carabine – Un rayon de douleur, un rayon de lumière
Paris, un matin à l’heure de pointe, métro bondé, foule pressée, Véronique, une psychologue, se rend à son travail dans un centre de jour pour adolescents psychotiques où elle sera, comme chaque jour, confrontée à la souffrance du peuple du désastre, les foutus, les tordus, les pas-comme-les-autres, les jetés… et parmi ces adolescents, un jeune garçon très lourdement atteint, Orion, dont les rares paroles se font saccadées et les mots chambardifiés. C’est la grisaille du quotidien, la vie minutée des banlieusards, le métro, le boulot, le temps qui fuit et qui manque pour ce qui, peut-être, est l’essentiel: la poésie de Véronique et la musique de son mari, Vasco, dont les journées sont dévorées par son métier d’ingénieur mais qui porte au plus profond de lui une musique sauvage, brûlante, vibrante. « Les touches blanches et noires du piano, les notes qui doivent devenir brûlantes pour ne pas être fracassées. Les partitions qui prennent feu. La musique qui s’enfonce, s’enfonce pour pouvoir s’envoler. » La musique de Vasco qui prend pour moi les accents de la sonate « La Tempête » de Beethoven, les plaintes brûlantes et douloureuses des deux premiers mouvements, et les luttes du troisième, déchiré entre la pesanteur et l’envol. Mais la musique de Vasco, la poésie de Véronique restent enfouies, refoulées par la terrible routine. Les phrases d’Henry Bauchau se font courtes et sèches, souvent de simples constatations factuelles. « L’enfant bleu » s’ouvre ainsi, bien loin de l’univers d’Oedipe et d’Antigone, sur un monde désenchanté.
Mais un début de complicité se crée entre Orion et Véronique, et vaille que vaille Orion commence à exprimer sa terreur de ce démon de Paris qui le persécute et le poursuit de ses terribles rayons, un démon que seuls les trois cents chevaux blancs qui certaines nuits galopent dans les rues de Paris sont capables de repousser. C’est l’intuition de Véronique: « Je me dis: Trois cents chevaux blancs qui poursuivent le démon de Paris, celui qui a vu cela a reçu un don, un rayon de douleur, un rayon de lumière. C’est peut-être un artiste? C’est peut-être sa voie, s’il en a une? » L’art, alors, se fait catharsis, rempart contre les pulsions suicidaires parce que « C’est mieux de casser sa gueule en dessin que dans le vrai ». C’est le début d’un long, d’un très long chemin pour Orion, pour Vasco, pour Véronique. Orion et son démon qui le rayonise et le bazardifie. Vasco et sa musique qu’il voudrait rejeter pour se replonger dans le ronronnement rassurant et la mécanique bien réglée de ses moteurs: « De nouveau les rêves, les sommets, les gouffres, les naufrages, l’immense patrie des illusions. Notre pauvre existence, notre art éphémère à la cime des montagnes et le vent qui fait là-dedans sa musique géante. C’est trop, Véronique, cette conception épique, héroïque de la vie et de la musique, c’est trop pour moi. Vive les moteurs, leur précision, leur force maîtrisée par le calcul et l’expérience. » Véronique et « la faible trace d’un tout petit enfant que je vois avec surprise, avec amour, bien trop d’amour. Est-ce moi qui en naissant, ai fait mourir ma mère? Est-ce mon enfant mort en moi avant de naître? », et puis la part de son être qui DOIT soigner, même si c’est très lourd, trop lourd.
Tout est long, tout est lent. Mais petit à petit, Orion apprend à exprimer ses terreurs et ses aspirations dans ses dessins et ses sculptures, même si souvent, il éprouve le besoin à ses côtés de la présence de Véronique, en retrait, passive et pourtant rassurante, comme l’ours en peluche auquel on se cramponne pour affronter les peurs enfantines, les monstres cachés sous le lit ou dans les brumes d’un cauchemar. Et un admirable dialogue se noue entre nos trois héros, lancés dans une exploration de leurs inconscients que vient parfois éclairer l’obscure lumière d’un rêve qui peut-être sera la source d’un oeuvre. Un admirable dialogue qui fait mentir la phrase de René Char selon laquelle « On ne partage pas ses gouffres avec autrui, seulement ses chaises. »
Tout est long, tout est lent. Il y a les régressions, les chutes, les heures et les jours qui se perdent dans le brouillard de la fatigue. Mais aux heures de découragement ou de peur, c’est une secrétaire du centre qui prend le temps de s’attarder après la fin de son travail et de parler un peu devant une tasse de café, le regard d’un collègue qui rappelle à Véronique qu’elle est toujours une femme séduisante, ou bien les bras de l’être aimé qui s’ouvrent: « Que faire d’autre devant cette vérité qui vient de jaillir de lui, peut-être de nous deux, que s’embrasser, se cramponner l’un à l’autre, danser face à face comme je l’y entraîne. Oui, danser comme Dieu fait. S’il existe? ». Et lentement, avec acharnement, l’art, l’amour, la compassion et l’indéracinable espérance président au réenchantement du monde.
Mais il est impossible de rendre justice ici à la richesse de ce livre, la beauté et la force presque terrifiante des oeuvres d’Orion, la voix de Gamma, chantant la musique de Vasco et le poème de Véronique et dans laquelle je crois retrouver la voix d’Io transfigurant la mort d’Antigone. Alors lisez « L’enfant bleu » et voyez vous-mêmes. Aux heures de grisaille et de désenchantement, ce livre ne vous consolera pas, non, car il est des blessures qui ne se referment pas et des démons qui ne lâchent pas prise. Mais « L’enfant bleu » vous fera ce don inestimable : la possibilité d’être inconsolable et pourtant heureux.
Critique par Chiffonnette – Insupportable et poignant
L’enfant bleu: L’histoire d’Orion, un adolescent psychotique que personne ne parvient à réellement prendre en charge jusqu’à Véronique, une psychanalyste qui lui fait trouver le chemin de l’art, un chemin qui va changer son rapport au monde et lui permettre de vivre avec le démon de Paris qui l’attaque dès que la situation dans laquelle il se trouve lui est insupportable.
« L’enfant bleu » est un roman sur l’art mais il est surtout sur une rencontre: celle de Véronique et d’Orion, celle du monde des « normaux », des « soignants » avec le peuple du désastre. Ces enfants et ces adultes incapables de faire face au monde et à la société dans laquelle ils sont supposés vivre. Ceux qui font peur, ceux qu’on rejette aux marges, à qui on essaie parfois de donner une place, si rarement adaptée à ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent. Henri Bauchau donne une voix à ce peuple à travers Orion et ses crises terribles qui le poussent à détruire parce que le monde est trop angoissant, trop incompréhensible. C’est un personnage tragique: à la fois insupportable, terrifiant, poignant. Il sait qu’il est malade, différent des autres et incapable d’affronter cette différence parce que personne n’est présent pour l’aider à le faire tout simplement parce que personne ne sait comment faire, comment l’épauler pour qu’il vive enfin.
Et puis il y a Véronique au parcours chaotique, Véronique qui se débat dans une vie compliquée et qui s’attache à Orion, d’abord son patient puis tellement plus que ça. On les suit tous les deux sur le long chemin qu’ils empruntent, fait de progrès, de régressions, de doutes, d’angoisses, mais qui mène vers l’espoir d’une vie rendue meilleure. Et quand Orion passe enfin du « On ne sait pas » au Je, on ressent la joie et la peine de Véronique. J’ai aimé ce personnage, à la fois immensément fragile et suffisamment fort pour se battre contre la grisaille du quotidien, la peur, pour trouver la beauté dans les petits événements, dans les poèmes qu’elle parvient de nouveau à écrire grâce ou à cause d’Orion qui la confronte à un nouveau rapport au monde, dans la musique de Vasco, son homme, qui se trouve lui aussi au fil des pages.
A chaque personnage son art et sa manière d’affronter le monde pour parvenir au cœur de lui-même et à l’équilibre. J’ai aimé ces parcours de vie, même si parfois Vasco ou Véronique m’ont agacée, même si le petit monde des artistes a quelque chose d’un microcosme parfois verbeux et égocentré. Parce que finalement, avec leur art, ils réenchantent un monde routinier, dévoreur, dont la grisaille et les failles avalent le bonheur d’être et jusqu’à la souffrance. L’art est à la fois don, fardeau et catharsis qui permet de s’ouvrir au monde et aux autres.
On sent au fil des pages l’expérience d’Henri Bauchau, devenu, un peu comme Véronique psychanalyste au bout d’un long chemin. C’est sans doute grâce à cette expérience qu’il parvient à rendre Orion si vivant, si crédible dans cette parole lourde de souffrance et naïve, inventive et violente, chambardifiée. C’est aussi par cette expérience qu’il fait découvrir ce que peut être le dialogue du psychanalyse et de son patient, ses dangers, l’espoir non pas de guérir les blessures, mais de parvenir à vivre avec et à en faire une part de soi qui participe du bonheur. C’est fascinant et passionnant. Et c’est beau. Parce que Henri Bauchau sait décrire l’art, sa puissance, son expressivité, la brûlure qu’il représente, la peur qu’il provoque chez ceux qui portent une œuvre en eux, l’incompréhension ou la passion de ceux qui voient, entendent ou touchent. Parce qu’il sait aussi, aimer ses personnages, les faire s’aimer et nous les faire aimer.
Critique par Anna-Panda – « Je » est un autre
Véronique Vasco, psychanalyste travaillant depuis un an dans un hôpital de jour de Paris, fait un jour la connaissance d’un adolescent plus que perturbé – autiste, en fait – Orion, qu’elle décide de prendre en charge. Au cours de leurs séances ensemble, Véronique lui découvre un talent étonnant pour le dessin et utilise ce nouvel aspect d’Orion pour communiquer avec lui.
C’est ainsi que, à mesure que le temps passe, Véronique découvre Orion et le monde dans lequel il vit grâce à ses œuvres artistiques ainsi qu’aux fameuses « Dictées d’angoisse » qu’il lui dicte, les jours où le « démon de Paris » le « rayonne » un peu trop – soit quand ça va mal.
Une autre chose distingue Orion de la norme: pour lui, « je » n’existe pas. C’est ce « on » persistant chez l’adolescent qui intrigue le plus la psychanalyste, qui cherche à en connaitre la cause. Lorsque, lors d’une discussion avec elle, Orion fait mention d’un certain « enfant bleu » qui fait apparemment partie de ce « on », le mystère s’épaissit encore. Ce n’est qu’à la toute fin qu’il est – plus ou moins – résolu.
J’ai beaucoup apprécié ce livre malgré quelques longueurs… eh oui! La relation entre les deux personnages principaux s’étale sur plus de douze ans, et le rythme du récit s’en ressent… !
Pourtant, même avec ce petit inconvénient, la découverte du personnage d’Orion est vraiment – je n’exagère pas – passionnante! Je ne peux que m’extasier devant les idées qu’à eues Henry Bauchau pour faire s’exprimer Orion de toutes les façons possibles: ses dictées, ses dessins et, plus tard, ses sculptures. Les révélations sur ses pensées, son passé et son monde intriguent et titillent la curiosité du lecteur autant – au moins – que celle du personnage de Véronique Vasco. Le fait de vivre l’histoire via la narration de la psychanalyste – qui, en fait, s’implique complètement plutôt que d’être objective – fait que par moments, on peut se demander lequel de cette femme ou d’Orion se sent le moins bien dans sa peau!
Fabuleuse ouverture des portes d’une autre perception de notre monde que représente ce livre….. avec une belle évolution des personnages en prime!
Critique par Karine – Art et folie
Présentation de l’éditeur
« L’enfant bleu, c’est Orion, un garçon psychotique âgé de 13 ans dont les médicaments peinent à apaiser les crises. Véronique, psychothérapeute dans un hôpital de jour parisien, va entrer dans l’imaginaire de cet enfant pour essayer de lui rendre la paix. Elle devine sa richesse, sa sensibilité extrême, et va le guider, avec patience et passion, vers l’expression artistique.
Henry Bauchau explore ici avec sa tendresse de poète et sa passion d’écrivain, la frontière entre art et folie. »
Commentaire
Plonger dans « L’enfant bleu », ce n’est pas un voyage de tout repos. Cette écriture nous bouscule, nous chavire et nous transporte dans l’univers d’Orion, jeune garçon psychotique que nous verrons grandir au cours du roman. Orion qui est hanté par le démon de Paris qui le bombarde de rayons, qui ne peut appréhender le monde qui l’entoure, et qui voit de terribles menaces dans les situations les plus banales.
À 13 ans, Orion est considéré comme un cas désespéré. Puis, il rencontre Véronique, devenue psychothérapeute, qui croira en lui et qui l’encouragera à faire passer son imaginaire sur papier, puis en sculpture. Et c’est l’histoire de cette rencontre entre deux personnes, d’abord patient et thérapeute, puis bien plus que ça, que nous suivrons dans ce roman. Nous verrons l’adolescent affolé, apeuré, qui se barricade derrière ses « on ne sait pas » quand on lui pose une question tenter d’être quelque chose en tentant non seulement de transposer ses démons intérieurs en images, mais aussi de révéler une partie de cet imaginaire, de ses îles intérieures, de cet enfant bleu qui est là, quelque part. Même si Orion dérange, même si chaque pas en avant est souvent suivi d’un pas en arrière, même s’il fait partie de ce « Peuple du désastre », impossible de ne pas s’y attacher. Il se sait différent, handicapé et ses « dictées d’angoisses » remplies de néologismes et de phrases mal construites sont bouleversantes de naïveté où se glissent parfois des images saisissantes. Je crois que dans tout le roman, ce sont ces fenêtres sur son monde à lui qui m’ont le plus touchée.
Je suis là à regarder mon écran et je réalise que j’ai vraiment du mal à parler de cette expérience de lecture. J’y ai réagi très fortement et je ne sais qu’en dire des banalités. On parle d’art, on parle de maladie mentale, de cette ligne si mince entre les deux, parfois, entre le génie et la folie. Entre Véronique et son mari Vasco, qui cherche la musique de sa vie, entre Orion, Jean, Myla ou Gamma, on est dans un monde différent où j’ai eu parfois l’impression d’entendre parler un autre langage, où on essaie de s’évader du banal en s’efforçant de s’élancer toujours vers le sublime. C’est différent de moi, j’ai parfois eu du mal à les suivre mais au final, j’ai refermé ce roman avec, comme Véronique, une bizarre de sensation. J’avais l’impression de le connaître, cet Orion.
Bien entendu, au départ, j’ai tiqué en voyant une psy parler librement de ses patients à son conjoint sans confidentialité (déformation pro… et non, je ne suis pas psy… mais si un jour j’allais en psy et que ma psy parlait de moi en me nommant à son conjoint, je serait ma foi dans tous mes états) mais rapidement, la relation dépasse ce cadre strict et bizarrement, j’ai changé mon cadre de référence et j’ai cessé d’être dérangée par cet aspect. Je suis partie ailleurs et j’ai eu dans ma tête pendant quelques jours des images particulièrement vivantes et saisissantes de squelettes, d’îles et de monstres peintes par un adolescent dans une détresse folle.
Une belle lecture, qui exige de son lecteur de par ses métaphores, son jeu avec les mythes et toutes ses interprétations. Je suis d’ailleurs certaine que j’ai manqué une grande partie de l’aspect psychanalytique… mais bon. Ça ne m’a pas empêchée d’être réellement touchée par ce roman.
Critique par Etcetera – Folie de l’art
Après avoir lu plusieurs livres d’Henry Bauchau (Œdipe sur la route et Antigone) qui m’avaient éblouie par leur beauté et leur humanisme, j’ai eu envie de prolonger la découverte de cet écrivain avec L’enfant bleu, paru en 2004 chez Actes Sud, et qui nous transporte, cette fois, non plus dans l’Antiquité mythique mais dans le Paris des années 2000.
L’histoire : se déroule en majeure partie dans un hôpital de jour – où Véronique, une psychothérapeute sensible aux arts, prend en charge durant de nombreuses années un adolescent psychotique en proie à des crises de violence fréquentes. Cet adolescent, Orion, s’exprime verbalement par du délire et des propos mystérieux où il est question, entre autres, de démon, de rayons, de chevaux, d’enfant bleu, de fille sauvage, et autres éléments étranges que l’on parvient à élucider peu à peu. La thérapeute, particulièrement dévouée et attentive, ne tarde pas à remarquer les dons d’Orion pour le dessin et la peinture, et l’encourage vivement dans cette voie pour l’amener à exprimer ses angoisses et à donner corps à son monde intérieur. Il lui vient assez vite l’intuition que la peinture pourrait bien être la vocation du jeune homme. Les années passent, des liens de confiance et d’amitié se nouent entre la thérapeute et le jeune homme, il évolue tantôt en bien tantôt dans le sens d’une régression. (…)
Mon avis : J’ai beaucoup aimé suivre l’évolution d’Orion au fur et à mesure des années, et j’ai trouvé que ses délires étaient particulièrement intelligents et bien tournés (peut-être un peu trop ?), et que la thérapeute était en quelque sorte le médecin idéal, qui prend son patient en considération et va même jusqu’à le faire pénétrer dans sa sphère privée puisqu’elle l’invite chez elle, lui présente son mari, le reçoit quand il débarque à l’improviste, etc., si bien que ses collègues lui font remarquer « qu’elle se concerne trop », ce qui est le moins qu’on puisse dire. J’ai trouvé étonnant également que cet hôpital de jour mobilise autant d’efforts pour un seul patient pendant aussi longtemps, et ne lui donne aucun traitement médicamenteux, alors que ses crises sont d’une violence extrême. Bref, j’ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir mais il ne m’a pas semblé réaliste, même si Henry Bauchau exerçait la profession de psychanalyste et devait savoir comment se passaient les choses dans la réalité. Mais peut-être voulait-il montrer une thérapie idéale.
J’ai trouvé beaucoup de points communs avec son roman Œdipe sur la route : la présence du Minotaure, des labyrinthes, l’importance de l’art dans le salut moral des êtres, l’importance de l’amitié et des relations de soutien (dans Œdipe sur la route c’était Antigone qui soutenait son père et l’aidait à traverser les épreuves et les années).
Autre détail surprenant : Henry Bauchau (né en 1913) a écrit L’enfant bleu à plus de 90 ans, et pourtant on croirait d’après l’énergie des personnages, leurs doutes, leurs crises et leur capacité à évoluer, que ce livre aurait pu être écrit par un auteur bien plus jeune.
Un beau livre, sur un thème rarement traité, et qui dégage beaucoup d’humanité et une grande foi en la vie.