Mangez-le si vous voulez – Jean Teulé

Critique par Mapero – Périgord noir

L’horreur est-elle plus grande quand elle décrit des combats entre armées ennemies, ou quand elle suit à la loupe un drame qui se déroule dans un petit village de province, loin des combats du front? Autrement dit, l’horreur aux mains des amateurs. Jean Teulé s’est ainsi consacré à un fait divers pour le traiter en romancier, après qu’Alain Corbin l’a étudié en historien dans «Le village des cannibales», [Aubier, 1990].

Nous sommes en 1870. En Périgord, à Hautefaye. Mardi 16 août 1870, jour de foire, sous le soleil ardent d’un été torride encore surchauffé par l’attente des nouvelles de la guerre déclarée à la Prusse. Celles-ci ne sont pas bonnes. Pour les paysans, patriotiquement attachés à l’Empereur, c’est à ne pas croire. Deux jeunes du village ont été tués à Reichshoffen. Comme eux, Alain de Monéys doit bientôt partir pour le front de Lorraine. Quand il arrive au village pour régler diverses affaires on comprend mal ses propos; il est d’abord giflé, puis roué de coups sans pouvoir s’expliquer — ou plutôt sans être écouté. Les villageois se transforment en une horde contre leur victime innocente prise pour un espion prussien. Un espion au service de Bismarck! Bastonné, torturé, brûlé vif enfin. L’indigne maire du village s’en lave les mains:«Mangez-le si vous voulez !»

Histoire d’un crime… Mais ce bref roman n’a rien de la grandiloquence hugolienne. On vous raconte le drame à petites phrases concises, très suggestives. Avec juste ce qu’il faut de considérations économiques, sociales et politiques. Avec les détails sanglants du chemin de croix que subit Alain de Monéys. C’est pourtant un brave homme ce châtelain du hameau voisin. Il aide financièrement certains villageois. Il refuse le système du remplacement après avoir tiré un mauvais numéro: il ira faire la guerre contre les Prussiens. Les villageois — paysans, artisans, commerçants — sont tous des partisans de l’Empereur dont le régime leur avait apporté quelque prospérité avant que survienne cet été torride fatal aux récoltes et au bétail. Surtout, on voit jusqu’aux bénéficiaires de la charité du hobereau se muer en ses propres bourreaux. Qui bien sûr seront jugés… par la République, proclamée le 4 septembre 1870.

Ce court thriller se dévore avec avidité. On n’en veut pas laisser une miette. Jean Teulé croque — je veux dire dessine — ses personnages avec un délectable bonheur d’expression. Ses braves gens devenus d’infâmes criminels sont tout à fait convaincants. Chapitre après chapitre, treize croquis de situation suivent le calvaire du héros… tandis que le curé du village offre le pinard.

Critique par Elizabeth Bennet  – Pas de limites

Alain de Monéys ne se doutait pas, en se rendant, par cette belle journée du 16 août 1870, à la foire d’Hautefaye, le village voisin, qu’il finirait hué, lynché, torturé, brûlé vif et même mangé par la foule, et surtout, pour un simple malentendu: en cette année 1870, alors que les troupes françaises sont au plus mal sur le front Est, les esprits s’échauffent facilement, surtout lorsqu’ils croient percevoir, l’alcool et l’ambiance survoltée aidant, quelques paroles de soutien à la Prusse… Et pourtant, Alain tente de se défendre: il n’est pas partisan des Prussiens, au contraire, il part même à la guerre dans quelques jours, alors qu’il aurait pu échanger son numéro avec n’importe quel villageois… Et puis, il a tant contribué aux aménagements du village, il a tant fait pour chacun des habitants… Mais rien n’y fait: dès lors qu’Alain de Monéys, pourtant bienfaiteur du village et apprécié de tous, est livré à la vindicte populaire, ni le curé, ni le maire, ni ses amis ne pourront plus rien pour lui, et ce n’est pourtant pas faute d’essayer, afin de le soustraire à ses bourreaux, avec lesquels il discutait tranquillement quelques minutes auparavant. La foule entière réclame sa mort, sans bien savoir qui elle frappe, qui elle condamne, ni pourquoi, mais chacun, du plus jeune au plus vieux, veut pouvoir ajouter sa part d’outrage envers celui que tous appellent désormais « le Prussien ». La guerre est au loin, mais le véritable carnage prend place dans ce petit village de campagne. Dans ce court roman, Teulé a choisi de nous faire partager les quelques heures qui ont suffi pour faire basculer une paisible foire de village en une vraie boucherie, où l’horreur s’amplifie à chaque phrase, écrivant par là l’une des plus sombres pages de l’histoire des campagnes au XIXe siècle.

Une fois n’est pas coutume, Teulé décide d’écrire un roman historique pour nous livrer tout autre chose qu’un roman historique: une fine analyse, qui apparaît en filigrane, derrière la fiction, des comportements de la foule, d’une déviance que l’on pourrait appeler « effet de groupe ». Car tel est bien son sujet: à travers le martyre de ce pauvre noble de province, livré aux coups et aux estomacs de ses anciens amis et camarades, Teulé nous montre une foule qui bascule peu à peu dans une rage sanguinaire, perdant tout contrôle et même toute dignité. Alain de Monéys incarne à merveille la victime un peu ahurie, tentant maladroitement de se défendre, essayant de rappeler la foule à la raison, secondé par le curé, qui, croyant apaiser les tensions en offrant à la population quelques verres d’alcool, finit d’échauffer les esprits, et le maire du village campe à la perfection le petit bourgeois dépassé par les événements, qui préfère fermer les yeux (et sa porte) sur ce massacre qu’il ne peut plus empêcher, bien content de retourner à son repas dominical. La foule elle-même constitue un personnage à part entière, et si aucune analyse de son comportement, de sa « psychologie », comme on peut le lire ça et là, n’est donnée explicitement, c’est qu’elle est à lire entre les lignes: un commentaire trop explicite du narrateur alourdirait terriblement l’action, et lui ferait adopter une posture de moralisateur qui n’est absolument pas celle qu’il veut prendre.

Le style est incisif, la plume acérée, et l’humour noir toujours présent tempère les scènes de carnage décrites par le menu, et surtout vues par les yeux et le corps de la victime elle-même, rappelant l’extraordinaire scène finale du « Parfum », de Patrick Suskind: on frémit d’horreur devant tant de cruauté, et en même temps, le tout reste incroyablement ludique, avec des plans du village placés en début de chapitre et illustrant la course-poursuite de la victime et de ses bourreaux, dans une folle danse menée par un narrateur qui s’amuse visiblement de la situation, tant les actes barbares s’accumulent et s’amplifient jusqu’au bûcher final qui vient couronner l’ensemble du roman, et retomber dans un ultime tas de cendres en même temps que la foule prend conscience de son crime.

Peut-être pas un chef-d’œuvre, certes, mais un bon roman, instructif et distrayant, sur les débordements que peut entraîner l’effet de foule, ce qui n’est pas sans évoquer certaines circonstances présentes, preuve que la bêtise humaine n’a pas de limites.

Critique par Yohan – Hystérie collective

En août 1870, la guerre entre la France et la Prusse vient d’être déclarée. Les jeunes hommes malheureux au tirage au sort, ou trop pauvres pour ne pas échanger leur billet contre celui d’un appelé, s’apprêtent à partir sur le front de l’Est, où Forbach et Reichshoffen sont déjà le théâtre des combats. Dans le Périgord, Alain de Monéys, jeune notable local, a décidé de remplir ses devoirs militaires. Avant de partir, il se rend à la foire de Hautefaye. Mais alors qu’il pense passer une journée agréable, il devient la proie de la foule, qui le prend pour un prussien. Le calvaire durera tout l’après-midi, jusqu’à l’issue fatale, et ce malgré l’aide de quelques camarades qui tentent de le sauver.

Jean Teulé s’empare d’un fait divers réel, et en tire un court roman très efficace. Avec assez peu d’effets, mais non sans quelques touches de fictions, il parvient à rendre l’hystérie collective qui s’est emparée des participants de la foire de Hautefaye, de sa naissance à ses issues variables.

Alain de Monéys est un jeune homme bien sous tous rapports, et non suspect d’hostilité à la nation en guerre. Alors qu’il a les moyens de laisser sa place dans l’armée à un plus pauvre ou de prétexter son léger handicap, il décide de s’engager sur le front. Homme en vue, il se rend en ami dans le village voisin. Mais l’ambiance est électrique: la guerre, où les enfants tombent comme les mouches, mais aussi la sécheresse qui laisse sur la paille les paysans mettent les nerfs à vif. Alors, quand Alain défend un de ses amis accusé de soutenir les prussiens, il voit la foule se retourner contre lui.

Malgré les appels à la clémence, personne ne le reconnaît, chacun voyant dans ses traits un prussien à abattre. Le curé, averti, tente de créer une diversion, mais le bar improvisé qu’il ouvre dans l’église aura l’effet inverse de celui prévu, l’alcool favorisant l’euphorie collective. Chacun tente d’enfoncer le présumé prussien, refusant d’admettre les relations passées, car le but est d’être plus violent que le voisin.

Teulé n’épargne pas grand chose au lecteur, que ce soit de la torture dont est victime de Monéys ou des pensées abjectes qui s’emparent de la foule. Il tente bien d’apporter un peu de fiction en introduisant le personnage de la serveuse, qui se donne entièrement pour donner un peu de répit à Alain. Mais l’ensemble est tellement vif, décrit de manière tellement incisive, que l’horreur happe le spectateur, et l’entraîne dans les rues de Hautefaye. Rues d’ailleurs bien visibles dans l’esprit du lecteur, puisque chaque chapitre débute par un plan de hameau, avec la description du trajet effectué par Alain de Monéys.

Ce fait divers sanglant est assez instructif et inquiétant sur l’effet moutonnant d’une foule qui prend un individu comme bouc-émissaire. Plus aucune limite n’existe, aucun argument ne trouve grâce aux yeux des assaillants, qui deviennent des assassins. Les condamnations sont d’ailleurs à ce titre exemplaires, puisque quatre des protagonistes seront guillotinés sur la place du village. Exemplaire, car il est rare que la guillotine soit déplacé sur les lieux du crime.

Avec un style acéré, Jean Teulé donne une nouvelle vie à cet événement, édifiant sur le fond et entrainant sur la forme.

Critique par Catheau – L’horreur, complaisamment

La lecture du dernier livre de Jean Teulé- à interdire aux âmes sensibles- suscite des réticences que l’on peut tenter d’expliquer. Ce bref ouvrage de moins de 140 pages raconte un fait divers véridique qui est l’un des plus horribles de l’histoire des provinces françaises.

Il raconte en vingt chapitres, qui sont autant de stations, le chemin de croix d’Alain de Monèys, gentilhomme campagnard périgourdin de vingt-huit ans, de constitution fragile. Par « une bien belle journée » de l’année 1870, exactement le mardi 16 août, il se rend à la foire d’Hautefaye, entre Angoulême et Nontron. Jeune homme aimable et éclairé, il est le nouveau premier adjoint de Beaussac, il travaille à un projet d’assainissement de la Nizonne et il a fait lever son exemption pour s’engager sur le front de Lorraine, la France étant en guerre avec la Prusse. Parti de la propriété familiale de Bretanges à treize heures, il mourra deux heures plus tard, (en dépit de la résistance de quatre amis, Pierre Antony, Bouteaudon le meunier, Philippe Dubois, Mazerat le bûcheron, d’une femme Anna Mondout, vierge martyre, et dans une moindre mesure de celle de l’aubergiste Elie et du père Victor Saint-Pasteur), après avoir été martyrisé par une foule en délire, de l’entrée d’Hautefaye jusqu’à l’autre extrémité du village. Entre-temps, on l’aura cravaché, fouetté, frappé à coups de pierre et de gourdin ; on l’aura ferré comme une bête, on lui aura arraché les orteils, foulé aux pieds, lynché, écartelé comme un régicide, brûlé vif, émasculé et même mangé!

Tortures inimaginables engendrées par un terrible malentendu qui se produit entre Alain de Monèys et un colporteur « à la bêtise au front de taureau », comme le disait Flaubert. Le marchand se méprend à propos d’une phrase prononcée par le jeune homme qui cherche à défendre son cousin, appelé de Maillard (lequel s’enfuira au plus vite avant que les événements ne dégénèrent!). Il ne semble pas inutile de rapporter l’exact dialogue à l’origine du déferlement de haine qui fait d’Alain de Monèys un bouc émissaire. Monèys arrive en claudiquant près d’un groupe de villageois en train de déchiffrer un article de L’Echo de la Dordogne, relatant les défaites de Froeschwiller, Reichshoffen, Worth et Forbach. « L’empereur [Napoléon III] est foutu, il n’a plus de cartouche. »
« – Eh bien, mes amis, que se passe-t-il?…
– C’est votre cousin, explique un colporteur. Il a crié : « Vive la Prusse! »
– Quoi? Mais non! Allons donc, j’étais auprès et ce n’est pas du tout ce que j’ai entendu. Et puis je connais assez de Maillard pour être bien sûr qu’il est impossible qu’un tel cri sorte de sa bouche : « Vive la Prusse »… Pourquoi pas « A bas la France! »?
– Qu’est-ce que vous venez de dire, vous?
– Quoi?
– Vous avez dit « A bas la France »…
– Mais non, j’ai pas dit ça! J’ai…
Le colporteur demande aux gens près du muret :
– Que ceux qui l’ont entendu crier « A bas la France » lèvent la main!
Un bras se tend vers le ciel :
– Ah, moi je l’ai entendu dire « A bas la France »…
D’autres pognes se lèvent, cinq, dix… »

Le processus fatal est enclenché et, par cette journée de canicule, dans cette atmosphère de défaite nationale qui s’annonce, rien ne pourra plus l’arrêter.

On ne déniera pas à l’auteur un souci de véracité historique qui lui fait reconstituer avec une minutie extrême le chemin vers son Golgotha d’Alain de Monèys. Chaque chapitre débute par le plan du village qui indique la marche progressive vers la mort annoncée de la victime expiatoire, en une véritable géographie de l’horreur.

Le ton adopté se veut objectif, si l’on excepte les quelques passages, assez peu nombreux, où le lecteur pénètre dans l’esprit éperdu d’incompréhension et d’épouvante du jeune gentilhomme, lequel est par ailleurs souvent présenté comme une victime un peu bêlante voire stupide! Le style de Jean Teulé – qui excelle à rapporter la langue drue et ordurière des bourreaux- se teinte cependant d’une ironie que l’on peut considérer comme de l’humour noir, mais qui met le lecteur extrêmement mal à l’aise. On en donnera deux exemples. Alors que son sang commence à couler à cause de ses blessures, voilà ce que dit Alain de Monèys :
« Zut, mon habit est taché. Je ne vais pas pouvoir rentrer ainsi à Bétanges. Que dirais-je à ma mère? »
Ou encore, au moment où on le ferre comme un cheval :
« Triste corps, combien faible et combien puni, il a des fourmis plein les talons- ça fait un fracas de cinq cents tonnerres. Sa chair vire obscène. Son âme flue en rêves flous parmi ces gens cafards à vous dégoûter d’être au monde. En venant à la foire, son rêve était au bal, je vous demande un peu. » Si l’empathie du narrateur existe, elle est amplement dépassée par l’ironie tragique!
En outre, n’y-a-t-il pas une complaisance certaine à détailler par le menu le martyre du jeune homme ou les outrages subis par la jeune Anna Mondout, qui cherche à retarder son supplice en s’offrant à un garçon de ferme? La lecture de cette scène est quasiment insoutenable. La vraisemblance paraît aussi être mise à mal. Comment croire que ce jeune homme de vingt-huit ans, qui est décrit comme ayant une faible constitution, puisse parvenir encore vivant sur le lieu du bûcher après avoir subi autant de sévices?

Jean Teulé, pour être complet, nous apprend que, sur une foule d’environ six cents personnes qui participèrent à cette infâme tuerie, seuls vingt-et-une furent jugées. Quatre furent exécutées, neuf furent condamnées aux travaux forcés et huit à des peines diverses en fonction du délit reproché et de leur âge. N’y avait-il pas un garçon de cinq ans? Mais peut-on condamner tout un village?

L’épilogue nous dit aussi qu’un des bagnards, libéré en Nouvelle-Calédonie après trente années de bagne, eut des enfants d’une Canaque, qu’il déclara sous le nom de Monèys. Ultime geste de réparation pour redonner vie à sa victime? Et le 16 août 1970, les descendants de la famille de la victime et de celles des bourreaux assistèrent côte à côte à une messe anniversaire dans l’église d’Hautefaye, village que l’Administration, en raison de l’inhumanité du crime, avait voulu un temps rayer de la carte.

Jean Teulé prend le parti de la narration en focalisation externe, de l’impartialité. On aurait souhaité plus d’empathie avouée pour le bouc émissaire ou, à tout le moins, une tentative d’explication. Le narrateur constate mais jamais il ne décrypte. D’aucuns diront que c’est ce choix de l’impassibilité qui donne sa force de dénonciation à l’horreur. Pas si sûr!
En ces temps où nous avons récemment vu à l’œuvre ceux qu’on a appelés « le gang des barbares », ne dénions pourtant pas à ce récit le mérite de nous inciter à réfléchir sur la « bête immonde » qui sommeille en tout un chacun. Déjà, dans un article intitulé « Les Foules », paru dans Le Gaulois du 23 mars 1882, Guy de Maupassant s’interrogeait sur ce que Gustave Le Bon appellera quelques années plus tard la « psychologie des foules ». Faisant le constat que « la foule ne raisonne pas », il s’interroge sur les raisons qui la « poussent à accomplir des actes qu’aucun des individus qui la composent n’accomplirait » s’il était seul. Que sont cette frénésie, cet élan, cette pensée commune qui la font se précipiter sur un homme et le massacrer « sans raison, presque sans prétexte »? Et la réponse qu’il propose préfigure les travaux novateurs de Gustave le Bon : « C’est qu’il avait cessé d’être un homme pour faire partie d’une foule […], sa personnalité avait disparu devant une infime parcelle d’une vaste et étrange personnalité, celle de la foule. »

C’est en effet le médecin et sociologue Gustave Le Bon (1841-1931) qui vulgarisera les notions de psychologie collective, notamment avec son ouvrage Psychologie des foules. Selon lui, pour provoquer un mouvement de foule, quatre éléments sont nécessaires : un choc émotif important (dans une atmosphère de défaite, les villageois se persuadent qu’Alain de Monèys est un traître à la patrie) ; un mot d’ordre (celui de Madame Lachaud : « Pendez le Prussien! ») ; des leaders d’opinion (François Chambort, Pierre Buisson, François Léonard dit Piarrouty, François Mazière) à l’encontre d’un présumé coupable (l’innocent Alain de Monèys). Ce que Le Bon appelle « la foule psychologique », c’est l’individu en foule qui « n’est plus lui-même mais un automate que sa volonté devenue impuissante à guider […] Isolé, c’est peut-être un individu cultivé, en foule, c’est un instinctif, par conséquent un barbare. Il a la spontanéité, la violence, la férocité et aussi les enthousiasmes et les héroïsmes des êtres primitifs. » En effet, pour Le Bon, « la foule est aussi aisément héroïque que criminelle ».
Au juge qui demandera aux accusés pourquoi « cette pulsion dionysiaque », il sera répondu : « Nous avons viré fous […] De Monèys, bien sûr que c’était un brave garçon.  »

Alors un récit salutaire? Peut-être… Mais pour aller plus avant dans la compréhension de cet acte qui fait honte au nom d’homme, il vaut mieux relire « Le Bouc émissaire » de René Girard, lui qui écrivait : « Ce sont les mêmes stéréotypes persécuteurs partout mais personne ne s’en aperçoit. » Nous sommes ainsi tous invités au devoir de vigilance!

Antoine
Antoine
Passionné de livre depuis mon plus jeune âge, je vous propose de partager cette passion de la Plume sur ce site internet.
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