Le chien couchant – Françoise Sagan

Critique par Sibylline – Toujours l’amour…

Évidemment, ce n’est pas LE «Sagan qu’il faut avoir lu», mais, en raison d’une collection thématique sur laquelle je ne m’étendrais pas, je me suis retrouvée avec ce livre en main.

Nous sommes en 1981, Sagan a 46 ans et elle va raconter l’histoire d’une femme qui a passé les cinquante ans et qui, bien que maintenant d’apparence assez peu séduisante, va rendre éperdument amoureux d’elle, un homme en âge d’être son fils. Elle est logeuse et cet homme est un de ses locataires. Elle a découvert dans sa chambre les bijoux qui ont été volés à un bijoutier que l’on vient d’assassiner sauvagement.

Je ne vous en dirai pas plus sur le récit. Mon exemplaire de ce roman n’est pas celui dont vous avez la photo avec cette fiche, c’est celui de 1981.Il commence par un petit texte de remerciement à Jean Hougron «pour son concours involontaire (car) C’est en effet dans son excellent recueil de nouvelles (?) que j’ai trouvé le point de départ de cette histoire.» Le but était sans doute d’amadouer le confrère, mais l’affaire échoua puisque notre Françoise se retrouva devant le tribunal. Condamnée en avril 81 pour plagiat, la cour d’appel la lava de toute accusation en juillet de la même année, ce que la cour de cassation confirma en février 83. «Le chien couchant» pouvait donc galoper librement vers tous les succès, mais il n’en fit rien car il faut reconnaître que ce n’est pas un de ses meilleurs livres. L’histoire est assez simplette en elle-même alors que les péripéties qui ne cessent d’intervenir ne sont causées que par les tortueux méandres des personnalités des deux personnages principaux. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’ils semblaient compliquer à plaisir et que tout cela était un peu artificiel. Il y avait aussi une perpétuelle référence au «milieu» qui me semblait dater plus des années 50 que des années 80. Pour le réalisme, la disparition progressive des autres locataires de la dame est un peu étonnante, ainsi que l’ensemble de sa situation dans cette petite ville du nord et, peut-être mais je ne suis pas forcément bon juge, la situation professionnelle de l’homme (Gueret).

Bref, je n’ai pas été emballée par ce petit roman (mais dire Sagan et petit roman est un pléonasme et elle en a fait d’excellents, des «petits»)

Le chien? Il est en fin de compte le rôle le plus original de cette histoire. Témoin, ombre, On le croit venu par hasard. Arrivé timidement quand la vie s’installe timidement dans le c?ur de Gueret. Intégré peu à peu au cœur de leur couple quand il va bien, il reçoit sa part d’amour. Quantité négligeable au départ, son existence semble finir par valoir celle d’un homme. Il me semble à la réflexion attiré par le bonheur. Il vient quand il le flaire, s’éloigne quand il n’y en a plus. L’instinct animal. Bien que ce ne soit pas là le vrai instinct des chiens. Sagan lui octroie le titre et la dernière phrase du livre et je vous l’offre car elle est très belle: «Le chien hésita, regarda de nouveau la route, de nouveau vers elle, et tout à coup se mit à trotter dans une troisième direction.»

Ce livre est dédié à Massimo Gargia (qu’elle a failli épouser dans leur jeunesse folle)

Antoine
Antoine
Passionné de livre depuis mon plus jeune âge, je vous propose de partager cette passion de la Plume sur ce site internet.
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